En mai 2022, Running Up That Hill, le morceau emblématique de Kate Bush sorti en 1985, connaît une résurrection fulgurante grâce à son utilisation dans la série Stranger Things. Ce retour spectaculaire remet sur le devant de la scène une artiste qui, depuis près d’un demi-siècle, fascine autant qu’elle intrigue. Dès ses débuts avec Wuthering Heights, premier single qu’elle impose à sa maison de disques à seulement 19 ans, Kate Bush affirme une vision artistique singulière, à laquelle elle ne dérogera jamais. Libre, audacieuse et profondément indépendante, elle impose dès ses premiers albums une esthétique radicalement novatrice, à contre-courant des normes de son époque.

Fille de médecin, nourrie par les univers de David Bowie, Marc Bolan ou Elton John, elle compose dès l’âge de 11 ans des dizaines de chansons sur le piano familial. Repérée par David Gilmour, le guitariste de Pink Floyd, elle enregistre ses premières maquettes à l’âge de 16 ans et entre pour la première fois en studio professionnel. Dès son premier album, elle développe une signature sonore unique, appelée à transformer durablement la pop. Elle connait un succès immédiat et phénoménal qui va lui permettre d’affirmer ses choix artistiques face à sa maison de disques et, au fil de ses albums, arriver à la maitrise totale de la production.

En 1979, elle invente un nouveau langage scénique avec The Tour of Life, une tournée révolutionnaire qui bouscule tout ce qui se faisait auparavant. Chaque morceau est pensé comme une scène de théâtre minutieusement orchestrée : multiples changements de costumes, illusions optiques, lectures de poèmes, numéros de mime ou de magie. Cette performance totale place Kate Bush à l’avant-garde d’une génération d’artistes qui verront la scène comme un terrain d’expérimentation multimédia.

Dans les années 1980, elle approfondit encore sa recherche sonore avec le Fairlight, l’un des premiers samplers numériques, qu’elle utilise pour intégrer à ses compositions des sons inattendus. Toujours en avance sur son temps, elle réalise ses propres clips — Babooshka, Running Up That Hill… — bien avant que MTV ne normalise le clip comme outil promotionnel.

Ce documentaire retrace ce parcours d’exception à travers les mots de Kate Bush elle-même mais aussi par la voix et les réinterprétations musicales de celles et ceux qu’elle continue d’inspirer. Pauline de Tarragon (alias Pi Ja Ma), Leah Kardos, Flora Fischbach, Laura Cahen, Alice Lewis,  Verity Susman et Matthew Simms (alias Memorials) esquissent, ensemble, la puissance intacte d’une œuvre qui, loin d’appartenir au passé, continue de nourrir les élans créatifs d’aujourd’hui.